Lors de la présentation à Rome d’une collection éditoriale, le cardinal Sarah a parlé du Synode, de la famille, de la société contemporaine et des devoirs des pasteurs. En outre, il a proposé pour les divorcés remariés une union différente avec le Seigneur.
« Le véritable cœur de la discussion synodale n’est pas de savoir si les divorcés remariés peuvent accéder à l’Eucharistie, mais si la doctrine de l’Église est devenue un idéal irréalisable pour la société d’aujourd’hui. Et si les choses sont réellement ainsi, il faut une clarification, il faut dire expressément à tous que l’Évangile, la Bonne Nouvelle, s’est transformée en un fardeau insoutenable, totalement inutile ». Une intervention décidée, à l’appui de la doctrine traditionnelle de l’Église, celle que le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, a prononcée le 20 Mai 2015, à l’occasion de la présentation de la collection « La famille, travaux en cours », publiée par Cantagalli, au siège de l’Institut pontifical Jean-Paul II, à Rome. Le cardinal, invité à présenter la nouvelle collection de livres, a pleinement exprimé ses convictions les plus profondes, contenues dans son récent livre « Dieu ou rien », qui sortira bientôt également en Italie.
Selon Son Éminence Sarah, en effet, « la richesse chrétienne ne peut pas être dévalorisée par un certain pragmatisme ou par le sentiment commun. Le point de départ pour comprendre le lien profond entre le christianisme et la morale est la rencontre de chacun d’entre nous avec le Christ, une personne qui donne à notre vie un nouvel horizon. Il ne s’agit pas, en effet, ni d’un théorème philosophique ni d’une morale, mais, je le répète, d’une rencontre. L’Église doit donc contraster courageusement la grande régression des personnes au sein d’une société hédoniste dans laquelle l’on croit à tort (et c’est une erreur que nous constatons tous chaque jour) que le libéralisme effréné conduit au progrès de la civilisation. Apportez l’homme, qui désire l’amour, à la source de l’amour est notre mission en tant qu’Église, qui doit être accomplie même au prix du martyre – physique ou spirituel – et la famille est justement le lieu privilégié où l’on rencontre l’amour qui donne un sens à la vie ».
« La doctrine – a ensuite poursuivi le préfet – n’appartient à personne d’autre qu’à Jésus. Et notre devoir, en tant que pasteurs, est celui de la protéger. Parce qu’en protégeant la doctrine, nous protégeons les agneaux, ceux que le Christ a payés à un prix très cher, au prix de son propre sang. L’Évangile ne peut pas être changé : le Christ était miséricordieux, mais il a également dit que la rupture du mariage est un adultère, et que sans d’abord se repentir, personne ne peut s’approcher de l’Eucharistie. Donc, si nous retenons que l’Eucharistie est une simple nourriture à laquelle tous ont droit, et non plus le Corps du Christ, nous perdons le cœur même du mystère, nous perdons la foi. Je pense donc que la confusion créée par les prélats en raison de leur manque de foi est une chose grave. Mais, si nous les pasteurs, nous serons en mesure, les premiers, de retrouver une foi forte et courageuse, alors même le peuple nous suivra avec la même détermination ».
Le cardinal Sarah, en se référant à l’enseignement de Benoît XVI, a enfin conclu son intervention en proposant pour les divorcés remariés un différent chemin d’amour, qui conduise de toute façon à l’union avec Jésus. « La souffrance, l’éloignement empli de désir, peut conduire paradoxalement à s’unir avec le Seigneur, en partageant sa propre souffrance d’amour. La douleur causée par le fait de ne pas pouvoir communiquer peut être le trajet pour passer de la mort à la vie, une façon de faire l’Eucharistie » a enfin déclaré le cardinal Sarah.