« La famille est en crise. Peut-être pas la crise la plus traditionnelle, de l’infidélité ou, comme on l’appelle au Mexique, la « petite maison » et la « grande maison ». Non, non. Mais une crise plus profonde. Il est clair que les jeunes ne veulent pas se marier ou vivre ensemble. Ils ne le font pas parce qu’ils veulent protester, mais parce qu’aujourd’hui ils sont ainsi. Après, à la longue, certains se marient même à l’Église. Cela équivaut à dire qu’il y a une crise de la famille à l’intérieur même de la famille. Et de ce point de vue, je pense que le Seigneur veut que nous affrontions différents points : la préparation au mariage, l’accompagnement de ceux qui vivent en concubinage, des nouveaux époux, de ceux qui mènent au mieux leur famille, de ceux qui ont échoué dans leur famille et qui donnent vie à de nouvelles unions, et de ceux qui se préparent à recevoir le sacrement du mariage, parce que tous ne sont pas préparés ». C’est ainsi que le Pape François a répondu à Valentina Alazraki, correspondante du Vatican de Televisa, dans un long entretien le 6 Mars 2015, à la Maison Sainte-Marthe, qui a ensuite été retransmis par la télévision mexicaine dans la soirée du 12 Mars suivant, la veille du début de la troisième année de son pontificat.
Le Pape François s’est concentré sur la façon d’ « intégrer dans la vie de l’Église les familles replay », c’est-à-dire « celles de la seconde union qui sont parfois phénoménales .... tandis que les premières avaient été un échec. Comment les réintégrer ? Qu’elles aillent à l’église. Alors, on simplifie et on dit : « Ah, ils donneront la communion aux divorcés ». Mais donner la communion aux personnes divorcées remariées, cela ne résout rien. Ce que l’Église veut, c’est que tu t’intègres à la vie de l’Église. Mais certains disent : « Non, moi je veux communier et c’est tout ». Pour eux, la communion est une cocarde, un titre honorifique. Non, il faut que tu te réintègres. Sept sont les choses que les personnes de seconde union ne peuvent pas faire en vertu du droit actuel. Je ne me souviens pas de toutes, mais parmi elles il y a l’impossibilité d’être parrains de baptême. Pourquoi ? Et quel témoignage pourront-ils donner à leur filleul ? Celui de dire : « Écoute mon cher, dans ma vie je me suis trompé. Maintenant, je me trouve dans cette situation. Je suis catholique. Les principes sont les suivants. Je fais ceci et je t’accompagne ». Un vrai témoignage. Mais si se présente un mafieux, un criminel ou quelqu’un qui a tué des personnes, mais qui est marié, pour l’Église il peut être parrain. Ce sont là des contradictions. Il faut une intégration. S’ils croient, bien qu’ils soient dans une situation appelée irrégulière et qu’ils la reconnaissent, qu’ils l’acceptent, et qu’ils savent aussi ce que l’Église pense de ces choses, ce n’est pas un empêchement ».
En ce qui concerne le Synode, pour le Pape « c’est un espace protégé dans lequel peut œuvrer le Saint-Esprit. Et pour cela, les personnes doivent être libres. C’est pourquoi je suis contraire à ce que soient publiées les choses que chacun déclare avec nom et prénom. Non, que l’on ne sache pas qui l’a dit. Je n’ai aucun problème à ce que l’on sache ce qui a été dit, mais non pas qui l’a dit, de façon à ce que la personne se sente libre de dire ce qu’elle veut. En outre, nous avons un problème très sérieux qui est celui de la colonisation idéologique sur la famille. [...] Cette colonisation idéologique détruit la famille. C’est pour cette raison que je pense que de ce synode viendront des choses très claires, très rapides, qui aideront dans cette crise de la famille qui est totale ».