Une pièce immergée dans l’ombre: un atelier et une salle de séjour, avec des outils, des chaises et un réchaud. En diagonale, une lumière venant du ciel sur le côté gauche descend sur Marie et l’Enfant dans un sillage de petits anges: une lumière de révélation. Mais Marie, en méditant sur l’Ancien Testament, a lu un texte qui lui annonce en avance le douloureux destin de son fils; avec appréhension, elle se tourne vers lui et soulève le petit rideau pour le veiller. Jésus enfant dort tranquille dans son berceau à bascules. Mais la couverture de couleur rouge vif fait une allusion au sang qui sera répandu et le panier en osier évoque le sépulcre dans lequel il sera déposé. Le premier petit ange ouvre ses bras en forme de croix. Le joug que Joseph est en train de modeler sur le fond fait penser au joug que Jésus portera pour nous sauver. Le mystère de la croix est déjà présent dans la vie ordinaire de la sainte famille de Nazareth. Mais il se prolonge aussi dans celle des autres familles, comme le suggèrent les évidentes références à la famille même de l’artiste: les ustensiles de son temps, le portrait de sa femme dans le visage de la Sainte Vierge, l’allusion à ses enfants morts dans les petits anges et au dernier-né dans l’Enfant Jésus.