En Italie, les mariages diminuent d’environ 15% par an, alors que l’âge du mariage augmente (au-delà des 30 ans). Les premières noces sont de moins en moins nombreuses, et se célèbrent de moins en moins entre époux ayant tous deux la nationalité italienne. Les mariages dont l’un des conjoints est de nationalité étrangère sont, en effet, en augmentation. Ces données sont fournies par une recherche de l’Institut de Statistiques nationales (Istat) et sont corroborées par les enquêtes menées, au niveau de l’église locale, et dans une perspective pastorale, par les responsables de la pastorale familiale des diocèses.
Nous signalons, par ailleurs, une recherche sur les changements qui se vérifient au niveau des fiançailles et des cours de préparation au mariage, publiée par L’Osservatore Romano, le 2 Juillet 2013, sous la direction d’Alfonso Colzani et de Francesca Dossi, responsables du Service pour la famille de l’archidiocèse de Milan.
À Milan, l’âge moyen des « couples qui prononcent le ‘oui’ fatidique » est plus élevé d’environ trois ans par rapport à la moyenne nationale (plus de 36 ans pour les hommes, plus de 34 ans pour les femmes). Comme dans le reste de l’Italie, les mariages religieux diminuent d’environ 24%, au point qu’en 2011, les mariages civils ont représenté la majorité des mariages célébrés. Dans le diocèse de Milan, considérant la période 2001-2011, les mariages à l’église se sont réduits à un quart du total, en passant de plus de 23 000 à moins de 7 000.
Si, d’une part, le processus de sécularisation a conduit à une réduction des mariages religieux, et des mariages en général, d’autre part, les cours de préparation subissent au contraire une amélioration qualitative, selon ce que déclarent les responsables. « Rares mais bons ». « Nous sommes bien conscients que ceux qui demandent de célébrer le mariage chrétien sont aujourd’hui plus motivés, et ils le font parce qu’ils ont perçu dans ce choix un gain pour eux-mêmes et pour leur propre famille, et parce qu’ils sentent que la sphère religieuse a une valeur particulière qui garantit une profondeur et des racines pour l’avenir. Il y a ensuite ce que l’on peut considérer comme le phénomène le plus surprenant de ces dernières années, à savoir l’explosion de la pratique de la cohabitation avant le mariage, largement répandue même parmi ceux qui demandent de célébrer le mariage chrétien ». Il s’agit d’ « un changement radical de mentalité, étant donné que la majorité des croyants ne s’approche plus au mariage sous la forme de la fides, mais sous celle de l’expérience ». On veut essayer avant de décider. « Une période d’essai, cela rassure ».
Selon les données Istat, les couples qui vivent ensemble avant de se marier représentent environ le 95% dans les grandes zones urbaines, et entre le 60 et le 75% dans les petites villes. Ce nombre élevé est le résultat d’une transformation de la mentalité, marquée par la précarité et par l’incertitude, et signale également qu’ « à la base de la décision de vivre ensemble, il y a aussi une précarité de l’emploi qui décourage la prise de responsabilités engageantes ». Le travail, absent ou précaire, est la principale raison à la base du 30% des cas.
Pour beaucoup, la décision de se marier fait suite à la naissance d’un enfant. « Devenir mère ou père est un pas important, qui semble également marquer un changement dans la perception de la liaison du couple, ressentie après la naissance d’un enfant comme plus importante, et nécessitant donc d’un pas ultérieur ». Ainsi, « le mariage est perçu comme une célébration de la réalisation d’un seuil existentiel important : on ne vit pas que pour soi-même, la relation acquiert une importance institutionnelle, et on récupère l’importance sociale de l’institution de la famille, que les nouvelles générations trouvent habituellement difficile à percevoir dans un contexte marqué par la perte du sens communautaire et civil ». Dans ce contexte, « les parcours ecclésiaux marquent, pour les participants, une redécouverte joyeuse de ce complexe de significations et de leur signification potentielle ». Par conséquent, « les communautés chrétiennes, à partir des secrétariats des paroisses, sont appelées à accueillir toutes les situations de vie les plus variées qui viennent frapper à leur porte et qui demandent de pouvoir célébrer le mariage selon l’Église ».