« L’être un homme ou une femme ne suffit pas en soi. Cette donnée, permanente dans la nature humaine, révèle notre dépendance radicale : nous ne nous complétons pas par nous-mêmes. Cette considération suffirait à montrer l’insuffisance du caractère nettement individualiste qui marque la mentalité moderne ». C’est l’un des extraits de l’intervention, publiée par l'Osservatore Romano, que le cardinal Gerhard Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, prononcera au cours du colloque international interreligieux, au programme au Vatican du 17 au 19 Novembre 2014, sur le thème « La complémentarité de l’homme et de la femme ».
Dans la perspective judéo-chrétienne, la question est « assez importante et ressort de la lecture et de l’interprétation que la tradition fait de certains textes bibliques de référence essentielle », du Simposium de Platon à la Genèse, que le cardinal prend en examen de façon particulière afin de les comparer. « Alors que dans le premier cas, la différence sexuelle est considérée comme une punition qui affaiblit l’homme pour qu’il ne soit pas en mesure de s’approcher des dieux – et cela devient ainsi une chute de l’homme du niveau presque divin à l’esclavage impuissant – dans la Bible, au contraire, la différence est le point précis où Dieu présentera son action et son image ». En même temps, « il est important de souligner aussi une autre différence entre le récit platonicien et l’Écriture : tandis que dans le premier, lorsque l’homme et la femme s’unissent, ils deviennent un être plein et rassasié de lui-même, dans le Livre de la Genèse, l’union de l’homme et de la femme ne mène pas à un accomplissement, elle ne ferme pas le couple sur lui-même, parce que c’est justement dans leur union qu’ils s’ouvrent à une plus grande présence de Dieu ».
C’est « justement la présence de Dieu au sein de l’union entre l’homme et la femme qui nous aide à réfléchir sur la signification de leur complémentarité. [...] L’union du masculin et du féminin est complémentaire non pas dans le sens que de celle-ci résulte en un tout complet en soi, mais dans le sens que leur union révèle que tous deux sont une entraide pour cheminer vers le Créateur. La façon dont cette union se réfère toujours au-delà d’elle-même devient évidente avec la naissance du fils. L’union des deux, les fait de devenir « une seule chair », et se produit précisément dans la seule chair de ceux qui sont générés par cette union. Cela confirme que la complémentarité signifie aussi la surabondance, l’apparition de la nouveauté ».