Mercredi 17 Avril 2013, pour le premier des « Dialogues pour la famille » organisés par le Conseil pontifical pour la famille, sur le thème « La famille, première entreprise », en collaboration avec l’Union des juristes catholiques italiens, la salle Pie XI inaugurée à cette occasion débordait de personnes : un témoignage de combien les questions liées à la vie familiale en rapport à la société, surtout sous le profil juridique et politique, sont d’une actualité brûlante. En introduisant les travaux,
Mgr Vincenzo Paglia, président de notre Dicastère, a déclaré que «
nous vivons à une époque où, pour la première fois dans l'histoire, la famille est attaquée à la racine et subit des attaques frontales ». Par conséquent, «
nous ne pouvons pas rester dans la zone de défense, mais nous avons le devoir d’entrer pleinement dans les problèmes de la famille afin de trouver des solutions ensemble. La famille doit reprendre sa place centrale dans la pastorale, dans la politique, dans l’économie et dans la culture ». Mgr Paglia a par ailleurs ajouté que la famille est la base, même économique et financière, de la société. Elle est «
amie des entreprises, et elle est elle-même une entreprise qui produit des biens et des services, qui organise le travail, qui redistribue les richesses selon les besoins et le principe de solidarité et de subsidiarité ». Cicéron lui-même affirmait déjà que «
la famille est la base fondamentale de la société et en quelque sorte la graine de la République ». « Ce n’est pas seulement le lieu de la consommation, mais un modèle de bonne organisation économique et politique ».
Dans le salut initial, le Cardinal Francesco Coccopalmerio, président du Conseil pontifical pour les Textes législatifs, a salué le travail de Mgr Paglia et la collaboration avec l’Union des juristes catholiques, pour son rôle proactif dans le débat social sur les questions pertinentes, en thème de mariage et de famille, visant à « affirmer et défendre avec décision, l’initiale ontologie de la famille, malgré les attaques et les critiques ».
« Défendons la famille en tant que telle » a par ailleurs déclaré le professeur Francesco D’Agostino. « Parler de la famille traditionnelle est une erreur : la tradition est quelque chose qui est né dans l’histoire, alors que la famille est au contraire une structure naturelle, comme le langage. Sans la famille, avec un père et une mère, il n’y a pas d’identité humaine, pour le meilleur ou pour le pire ».
Nous devons donc surmonter une conception économique obsolète qui réduit la famille à un lieu de consommation et d’épargne, a en outre précisé sœur Alessandra Smerilli. « La famille produit des biens de nature et de valeur différentes, comme par exemple au niveau des relations, de l’éducation, de la coopération, de la confiance et du devoir civique, ou encore de la transformation en valeur au sein de l’enceinte domestique, et il s’agit là de vertus éthiques et économiques ». Sœur Smerilli a ensuite rappelé que déjà pour l’abbé Antonio Genovesi, un contemporain d’Adam Smith au XVIIIème siècle, « la confiance et les vertus civiles sont l’âme du commerce ».
Les interventions au niveau législatif, fiscal et économique en faveur des familles, en particulier pour le microcrédit, « ne représentent pas des avantages, mais des actions équitables, et il ne s’agit pas de concessions mais de droits » a ainsi expliqué Vincenzo Bassi. « Le PIB calculé comme il l’est aujourd'hui est une illusion, car il ne considère pas les nombreuses prestations gratuites qui représentent aussi la richesse nationale ».
Selon Johnny Dotti, dans les décennies à venir, la valeur sera calculée de façon différente, et ne pourra être que de type « associative et collaborative ». « Jusqu’à présent, la théorie de la consommation qui domine la culture occidentale reposait sur la théorie des besoins, et c’est sur les besoins que se sont construit les droits. Cette triade « besoin-droit-consommation » a échoué et continue de générer du malheur. Nous devons changer radicalement cette structure individualiste et repenser l’assistance publique en termes de besoins relationnels et sociaux ».
« La famille ne se finance pas, elle se soutient » a aussi déclaré Mariella Enoc dans son intervention, en soulignant que « la personne est le capital à sauver. Nous devons investir sur les familles, et surtout sur ceux que l’on doit considérer comme les piliers fondamentaux, à savoir le travail et la maison ».
« Quel exploit qu’est aujourd'hui la famille! » a, au contraire, lancé en guise d’alarme Francesco Belletti. « La famille est marginalisée, exilée de tout ce qui a une importance publique, dans un affaiblissement culturel et social progressif qui devient un appauvrissement économique et une déshumanisation ». Les familles vivent dans la solitude, séparées. Par conséquent, « nous avons besoin d’un appel à la construction de liens entre les familles et avec la société », à un moment donné où « la famille est au zénith et représente l’endroit terminal sur lequel convergent tous les problèmes sociaux, la dernière frontière de la protection de la fragilité ».
Pour que la famille soit une entreprise, une bonne entreprise, il faut « une indépendance économique, de solides relations, une attention réciproque et une maison, à savoir un lieu où pouvoir vivre de façon permanente et en tant que communauté ».